L’âge industriel français est un sujet historique fondé sur l’étude de l’impact des innovations techniques et des énergies sur les modes de travail, à la ville comme à la campagne, et plus largement sur les transformations dans les manières de vivre.
En 1769, l’écossais James Watt invente la machine à vapeur.
L’historien Patrick VERLEY[1] distingue deux phases de l’âge industriel : jusqu’en 1880 environ, où l’industrialisation repose sur le charbon comme énergie indispensable pour faire fonctionner la machine à vapeur, puis à partir de 1880, période d’accélération des progrès techniques, avec l’arrivée de deux nouvelles énergies : le pétrole et l’électricité, donnant naissance à deux secteurs de production : la chimie et l’automobile.
Conjointement à ce développement progressif se greffent des réalités spécifiques à chacune des régions françaises, qui s’illustrent par des dynamiques différentes selon le secteur d’activité.
[1] La première industrialisation, la Documentation photographique, n° 8061, 2008
Son invention trouve des applications industrielles, tout d’abord en Grande Bretagne puis dans le reste de l’Europe, tout au long du 19e siècle, avec une mécanisation progressive dans les secteurs industriels et agricoles.
Le mouvement créé par la force de la vapeur permet d’actionner d’autres machines comme la locomotive.
Au regard de cette dimension complexe, nous allons centrer notre développement sur la ville qualifiée de ville berceau de l’âge industriel français : Saint Etienne, à l’heure de son essor entre 1815 et 1860.
Saint Etienne doit sa spécificité à son développement économique, que l’on pourrait qualifier de préindustriel.
Les habitants de Saint Etienne et de sa région, depuis le 16e siècle, ont développé un artisanat de production spécialisé dans la rubanerie de la soie , dans le fer avec l’activité dite de quincaillerie (regroupant la clouterie, la coutellerie, la ferronnerie, la serrurerie) et dans la fabrication des armes.
Le savoir-faire du travail de l’arme est l’activité industrielle la plus ancienne.
En 1764 est créée la Manufacture Royale dans laquelle sont fabriquées des armes, dont la renommée tient à leur solidité, et à leur légèreté.
Ces activités artisanales textile et de ferronnerie ont permis à une partie importante de la population locale de subsister dans des terroirs peu favorisés par la nature, avec une altitude qui descend rarement en dessous de 400 mètres, laissant de faibles possibilités d’exercer des activités agricoles.
L’artisanat du textile, du fer et des verreries sont alimentés par la force motrice des torrents : le Furan, le Gier et l’Ondaine.
Ces activités artisanales textile et de ferronnerie ont permis à une partie importante de la population locale de subsister dans des terroirs peu favorisés par la nature, avec une altitude qui descend rarement en dessous de 400 mètres, laissant de faibles possibilités d’exercer des activités agricoles.
L’artisanat du textile, du fer et des verreries sont alimentés par la force motrice des torrents : le Furan, le Gier et l’Ondaine. (photo carte7)
A cette caractéristique motrice hydraulique, s’ajoute l’autre importante ressource géologique : le charbon.
Les ouvrages proposés à l’ARRH, dont « Compagnies minières et mineurs du Gier 1750-1950 -Arts Graphiques 2017 »écrit par Rolland Fournel, l’un de nos adhérents, relatent en détail l’exploitation et la commercialisation de cette nouvelle source d’énergie.
« Le premier acte connu qui rappelle l’extraction du charbon (de terre) est daté de 1278.
Par cet acte, Etienne de Saint-Priest, chevalier, vend pour 10 livres viennoise à Giraud de Naves, commandeur de l’hôpital de Saint-Jean de Chazelles, le quart qu’il possède par indivisine perreira carboneria sita in parrochia Sancti-Genisii in Terra Nigra (Saint-Genis-Terrenoire ; Charte du Forez N°207) «
La dénomination perreira, perrière, est le nom employé au Moyen-Âge pour parler d’une mine de charbon.
Les zones d’exploitation du bassin s’ordonnent en trois grands ensembles, celui du Gier à l’Est, très développé, celui de l’Ondaine à l’Ouest et le bassin de Saint-Etienne. (carte)
Le charbon est utilisé pour les usages de chauffage domestique, pour l’éclairage et pour le fonctionnement des forges locales.
Dès 1789, avec les possibilités offertes avec la machine à vapeur apparait la nécessité de développer la production.
De nombreux puits existent dans le secteur du Gier en 1812 (citer les données de Rolland), ce qui n’est pas encore le cas dans le secteur de Saint Etienne.
Le coût du transport pénalise le charbon stéphanois, produit pondéreux, qui ne peut circuler à grande distance que par la voie d’eau.
Le charbon de Rive-de-Gier bénéficie d’un avantage conséquent, le canal de Givors, alors que la houille stéphanoise gagne péniblement la ville de Saint-Rambert en voiture à cheval et s’écoule par la voie fluviale ligérienne.
Pour autant, Saint-Etienne ville de taille moyenne, avec ses 18 000 habitants en 1817, témoigne d’un dynamisme qu’illustre le boom de l’immobilier entre 1790 et 1817.
La ‘’ville nouvelle’’ est déjà bien visible avec le projet d’Hôtel de Ville et l’Ecole des Mineurs.
Alors, pour attirer les capitaux, les entrepreneurs, les ingénieurs à exploiter le charbon de Saint Etienne, il a fallu surmonter l’obstacle du coût et de la pénibilité de son transport.
Le chemin de fer est le remède. En Angleterre puis en France, les premières lignes de chemin de fer apparurent dans les mines.